Réduire l’empreinte carbone avec la gravité. La nouvelle énergie verte ?

Réduire l’empreinte carbone avec la gravité. La nouvelle énergie verte ?

Générer de l’énergie lorsqu’il n’y a ni vent ni soleil, c’est un vrai défi. Aujourd’hui, les énergies vertes restent quand même très dépendantes des principaux éléments météorologiques. Lorsque ces éléments viennent à manquer, la production est fortement ralentie. Des blocs de béton géants pourraient être une nouvelle solution… Grâce à la gravité. 

Comment ça marche ?

La société suisse Energy Vault a créé un concept étonnant pour générer de l’énergie.

L’idée est simple, se servir de la gravité pour générer de l’électricité. Ce sont d’énormes structures modulaires (EVx) à l’intérieur desquelles, des cubes de béton circulent. Ces cubes accrochés à des câbles génèrent de l’énergie en tombant.

Un peu comme dans l’attraction de Disneyland : “la Tour de la Terreur” ? En gros, on vous fait monter dans une tour pour vous installer dans une nacelle à 66(6 ?) mètres de haut. Cette nacelle est lâchée dans le vide et vous tombez à 45 km/h en ayant très peur. Vous criez. Ce qui se passe pendant ce temps, c’est qu’un court instant, vous êtes en apesanteur (© Calogero, vous l’avez ?) .

Vous trouverez la ref. ici.

Image des structures et des blocs de béton.

Enfin un prototype : la théorie c’est bien, mais expérimenter c’est encore mieux.

Pour éprouver sa théorie (on parle de ce projet depuis 2019), Energy Vault a construit en Suisse un prototype géant leur permettant de tester le concept. Une tour de 75 mètres de haut (plus haute qu’à Disney, donc). La structure est équipée de 6 grands bras, comme des grues, qui tractent les énormes blocs de béton.

Image de la structure avec les 6 bras déployés en étoile pour tracter les blocs de béton. (ndlr : il fait très beau ce jour-là, le ciel est bleu).

Une fois en haut les blocs de béton seront brusquement lâchés et commenceront à chuter. Au cours des 30 secondes de descente, les moteurs qui soulèvent les blocs commencent à tourner en sens inverse, générant environ un mégawatt d’électricité : assez pour alimenter environ 1000 foyers. (est-ce suffisant pour un voyage dans le temps avec la DeLorean ? Vous avez 30 minutes.)

Produire de l’électricité indépendamment des éléments.

Cette version n’est qu’un prototype. Dans sa version industrialisable, la tour pourrait soulever 7000 blocs et fournir suffisamment d’électricité pour alimenter plusieurs milliers de foyers pendant huit heures. 

La production d’électricité avec cette technique est une aubaine. Energy Vault, pourrait apporter une réponse à un problème bien identifié de la transition énergétique : trouver un moyen décarboné de maintenir l’alimentation électrique lorsque le vent ne souffle pas et que le soleil ne brille pas.

Le prototype et les blocs de béton prêts à êtres remontés, au sol.
«Le plus grand obstacle que nous ayons est d'obtenir un stockage à faible coût.»

Une réserve d'énergie bon marché, abondante et durable.

Plutôt que de s’appuyer sur des batteries qui se dégradent avec le temps et nécessitent des métaux, terres rares qui doivent être extraits du sol, Piconi et ses collègues affirment que les systèmes de gravité pourraient fournir une réserve d’énergie bon marché, abondante et durable.

Et plutôt qu’un long discours, voici leur vision de leur Energy Vault Resiliency Center

Au Lab 303 on observe de près ce genre de projets qui pourraient changer de façon durable les approches énergétiques. Ce type d’alternative, bien qu’elle soit encore face à de grands défis à relever, pourrait représenter un sérieux concurrent du nucléaire.
Alors, la gravité, une nouvelle énergie verte ? On n’en est pas encore là, il faudra passer la phase du prototype. 

Une fois en phase d’industrialisation, il nous restera quelques questions à propos du volume sonore d’une telle structure (ping aux éoliennes). Ou un besoin d’éclaircissement sur les déchets produits par cette énergie (ping le béton) et des réponses sur comment on les traite. 

On reste curieux d’en savoir plus sur “l’énergie gravité” et surtout sur le passage au test grandeur nature. Sur ce dernier point, les choses devraient s’accélérer car Energy Vault vient de signer un contrat de 50 millions de dollars avec une société coréenne de métallurgie (Korea Zinc). 

Restez alertes, on vous reparle de tout cela vite.